Scénariste/Dessinateur
Né le 22/11/1923 en BELGIQUE.
Décédé le 04/07/1978.
Il n'avait que 7 ans lorsque ses premières illustrations ont été publiées dans Le Petit Vingtième.
Au terme de ses études, il fréquente l'atelier du peintre Louis G. Cambier et imagine, deux ans plus tard le personnage de Corentin Feldoë pour ses frères cadets.
Il n'avait guère plus de 20 ans lorsqu'en 1945, une relation commune le présenta à Hergé. L'ambition de Cuvelier n'était cependant pas de s'imposer comme auteur de bande dessinée, dont il ignorait d'ailleurs toutes les techniques, mais de devenir peintre. Hergé, subjugué par sa maîtrise graphique, va néanmoins le convaincre de s'y essayer et le jeune homme fera preuve d'une puissance d'évocation à ce point étonnante qu'il devient l'un des quatre piliers du journal Tintin, sous la houlette du célèbre éditeur Raymond Leblanc.
Corentin est présent dès le premier numéro du journal.
Toujours encouragé par Hergé, les premières aventures de Corentin paraît au Lombard en 1950. C'est alors le début d'une aventure qui s'achèvera en 1974.
De 1967 à 1968, il travaille en collaboration avec Jean Van Hamme sur Epoxy, une des toutes premières bandes dessinées pour adultes éditées par Eric Losfeld.
Tout en continuant quelques séries en cours, il multiplie les recherches personnelles dans l'isolement et le plus complet dénuement.
En 1973, il débute Corentin et l'ogre rouge, sur un scénario de Jacques Martin, qu'il abandonne au bout de quelques planches.
Jusqu'à sa mort, Cuvelier se consacrera à ses passions, la peinture et la sculpture, dans l'isolement de son atelier...
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Paul Cuvelier
(1923-1978)
Illustrateur belge
Paul Cuvelier est né à Lens le 22 novembre 1923.
En 1945, il présente à Hergé un cahier d'aquarelles dont les scènes préfigurent Corentin. Hergé l'intègre dans l'équipe de Tintin, aux côtés de Jacobs et de Laudy.
Commence alors ''L'Extraordinaire Odyssée de Corentin Feldoë'', une BD qui fait de Cuvelier un des illustrateurs parmi les grands. Pourtant : ''La BD ne me permet pas d'être comblé dans mon plaisir de dessiner. Sa formule me gêne, les bulles, les cadres, le dessin ramené au trait dur, noir sur blanc, à l'encre de chine, la couleur mise après coup sur un autre papier, un format réduit...''.
1951-56, période où il peint et sculpte pour lui-même. Contraint de revenir à la bd pour survivre, il va créer, aux côtés de Corentin, de nouveaux héros : la jeune Line, l'intrépide Flamme d'Argent et le petit indien Wapi.
1968, les mentalités changent. Jean Van Hamme souhaite écrire son premier scénario pour Cuvelier. Tous deux vont créer une bd adulte érotique : les mésaventures d'une adolescente ingénue dans un cadre mythologique. Epoxy paraît dans les librairies françaises en mai 68 chez l'éditeur Eric Losfeld.
Ensemble, ils vont signer deux nouveaux albums : ''Le Prince des Sables'' et ''Le Royaume des Eaux Noires'' pour lequel il obtient en 1974 le prix de la meilleure BD réaliste.
il renonce à la BD en 1973 pour dessiner, peindre, pratiquer l'illustration érotique, sculpter le plâtre et aborder la gravure. Il s'éteint le 4 juillet 1978 à l'âge de 55 ans
d'après http://www.multimania.com/pcuvelier/
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En tant que membre de sa famille, je rends hommage à cet oncle dessinateur qui a marqué mon enfance et au peintre dont l'art si sensible, chaleureux et sensuel conduit ceux qui peuvent l'apprécier sur les chemins du merveilleux.
Je vous invite donc à découvrir un modeste reflet de ce que fut et demeure la vie et l'oeuvre de Paul Cuvelier.
Sa vie
Dans le labyrinthe aux inéluctables errements, habitacle de mes tourments, lieu de ma folie et de ma quête infinie où je poursuis l'affreux dialogue avec l'angoisse, où je vis dans l'infernal chaos de l'âme, je tente de voler un coin de ciel à Dieu.
Paul Cuvelier
Paul Cuvelier est né à Lens le 22 novembre 1923.
C'est dans ce village situé près de Mons, qu'il se découvre une vraie passion pour le dessin. Il en sème partout depuis le plus jeune âge : portes, murs, armoires et n'importe quel bout de papier lui servent pour satisfaire sa fougue.
Les scènes villageoises, les paysages et les animaux retiennent son regard.
Le cheval, le plus nu des animaux, comme il le disait, l'attire plus particulièrement.
Au terme de ses études, il s'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts de Mons, fréquente l'atelier du peintre Louis Buisseret qui avouera au bout de quelques
mois que sa place n'est pas plus ici. ''Nous n'avons rien à vous apprendre''.
Sa rencontre avec Hergé date de 1945. Il présente alors au célèbre créateur de Tintin un cahier d'aquarelles dont les scènes préfigurent Corentin. Admiratif, Hergé l'intègre aussitôt dans l'équipe qui lance le journal Tintin, aux côtés de Jacobs et de Laudy.
Commence alors ''L'Extraordinaire Odyssée de Corentin Feldoë'', une BD unique d'un ''réalisme merveilleux'' ne se rattachant à aucun genre connu et qui fait d'emblée de Cuvelier un des plus grands illustrateurs de son temps.
Pendant les quatre années qui suivront, il dessinera quelque deux cents planches de Corentin, plusieurs dizaines de couvertures et illustrations diverses pour l'hebdomadaire et les Editions du Lombard. Mais cette cadence ne lui convient pas, il la trouve frustrante et se sent mal à l'aise dans ce champ restreint de la BD qu'il considère lui-même comme un art mineur. ''La BD ne me permet pas d'être comblé dans mon plaisir de dessiner. Sa formule me gêne, les bulles, les cadres, le dessin ramené au trait dur, noir sur blanc, à l'encre de chine, la couleur mise après coup sur un autre papier, un format réduit...''.
Tel Corentin qui n'avait pour toute consolation que de rêver devant la mer chaque fois qu'y apparaissait un voilier, Paul ressent l'envie de briser ses liens. Fin 1950, il entreprend un voyage de quatre mois pour les Etats-Unis, le temps de réfléchir et de découvrir d'autres horizons.
A son retour, il ouvre à Mons son propre atelier de peinture et de sculpture où, durant cinq ans, il va se consacrer à l'expression artistique pour elle-même. Il se passionne jusqu'à l'obsession par la forme vivante, sa grâce et son mouvement et la façon de l'appréhender par le trait sous une autre forme de Réalité Imaginée. Les murs de son atelier, les meubles et le sol débordent de dessins, croquis, études d'après modèle et quantité de toiles ébauchées ou conclues. L'endroit est magique, le spectacle inoubliable pour les privilégiés auxquels il ouvre sa porte.
Mais pour survivre, il est contraint de revenir à la bande dessinée, quitter sa défroque d'artiste et sa vie de bohème, s'appliquer de nouveau sur les petites cases et se forcer à livrer une planche chaque semaine sous peine d'une amende par jour de retard. Aux côtés de Corentin, Kim, Moloch et Belzébuth, les lecteurs de Tintin vont faire la connaissance de nouveaux héros : la jeune et gracieuse Line, l'intrépide Flamme d'Argent et le petit indien Wapi.
1968, année phare, la société bouge, les mentalités changent. Cuvelier rêve d'une BD libérée. Il sympathise depuis plus d'un an avec l'ami d'un de ses modèles féminins. Ce dernier est ''jeune cadre dynamique'' dans une multinationale, adore raconter des histoires et souhaite écrire son premier scénario pour le peintre-dessinateur. Son nom est Jean Van Hamme, l'illustre scénariste des grands succès actuels que sont Thorgal, XIII et Largo Winch. Tous deux ont pour projet de créer une bande dessinée adulte fondée sur un scénario d'inspiration érotique : les mésaventures d'une adolescente ingénue et dénudée dans un cadre mythologique. L'occasion rêvée pour le dessinateur de célébrer la Grâce et la Sensualité, de concrétiser ses songes et ses hantises. Epoxy paraît dans les librairies françaises en mai de la même année chez l'éditeur Losfeld.
Mais Corentin n'est pas pour autant oublié. Ensemble, le jeune scénariste et lui vont signer deux nouveaux albums : 'Le Prince des Sables' et 'Le Royaume des Eaux Noires' pour lequel il obtient en 1974 le prix de la meilleure BD réaliste. Malgré cela, les histoires qu'on lui soumet n'attisent guère la créativité de l'artiste et faire de la bande dessinée lui répugne de plus en plus.
Après avoir esquissé les six premières planches de 'Corentin et l'Ogre Rouge' sur un scénario de Jacques Martin, il renonce définitivement à la BD en 1973, tente à nouveau l'aventure artistique et s'engage alors sur des sentiers plus malaisés mais encore chargés d'espoir. Il dessine et peint énormément, pratique l'illustration érotique, sculpte le plâtre et aborde la gravure.
''J'ai pour la nature, explique-t-il, une admiration qui confine au vertige. Je refuse cependant cette nature en raison de son déterminisme, à cause de la condition périssable inscrite jusque dans ses formes les plus parfaites. Je ressens l'immense besoin de recréer la réalité plutôt que de la reproduire telle quelle. J'utilise ma mémoire visuelle comme un dictionnaire auquel me référer''.
En 1977, il prépare une exposition et décide de l'articuler sur le thème des Fillettes. Pressentant peut-être que le temps lui est compté, il produit en quelques semaines une bonne trentaine de toiles. Son projet est cependant interrompu par une longue maladie. Paul Cuvelier s'éteint le 4 juillet 1978 à l'âge de 55 ans, entouré des membres de sa famille.
Si Paul Cuvelier a toujours considéré la bande dessinée comme un art hybride, une nécessité pour survivre, il n'en reste pas moins qu'il y a investi tout son talent, et qu'il lui doit sa renommée.
Philippe Goddin lui a consacré deux remarquables ouvrages : L'Aventure artistique et Corentin et les chemins du merveilleux, publiés aux éditions Magic-Strip et au Lombard en 1981 et en 1984. Son grand mérite est de parvenir à réconcilier ce qui fut toujours perçu par l'artiste lui-même comme inconciliable : l'Art et la BD.
Témoignages
Je me souviens de sa première visite (en 1945), accompagné par un de mes amis. Il entrouvrit un carton plein d'admirables aquarelles. Après avoir examiné et admiré tout cela, je lui ai dit : ''Vous venez me demander des conseils, dites-vous : eh bien, c'est moi qui devrais vous en demander ! ''
Hergé
Si entre lui et moi il y a une histoire d'amitié, entre le dessin et lui existe une longue histoire d'amour : une histoire charnelle et violente. Son crayon, qui a saisi avec une virtuosité tous les aspects de la nature, ne vibre vraiment que lorsqu'il retrace les contours du corps humain. Ah ! Quelle ivresse alors ! Peu de dessinateurs ont réussi à exprimer tant de volupté avec aussi peu de traits. C'est prodigieux et j'en suis toujours profondément surpris.
Jacques Martin
Le Cuvelier que j'ai connu était fascinant et irritant, suicidaire mais lucide, tête-à-claques et charmant; un artiste supérieur mais aussi un artiste raté; un être dérisoire et sublime, misérable et magnifique ... Bref, quelqu'un qui n'était pas à une contradiction près !
Numa Sadoul
Si l'oeuvre de Paul Cuvelier n'a pas le caractère rigoureux, monumental ou monolithique de certaines autres, elle n'en est que plus intéressante. Ni déjetée, ni inachevée, elle demeure ouverte.
Philippe Goddin
''Je voulais être raconteur d'histoires, pas seulement scénariste. Depuis tout petit, comme tous les enfants, j'inventais des histoires et je les écrivais. Comme la BD était très florissante en Belgique et qu'elle paraissait moins inaccessible que la littérature ou le cinéma, elle attirait immédiatement. Eric Losfeld avait déjà publié ''Barbarella'' et ''Jodelle'', les premières BD adultes de qualité, et Cuvelier avait envie de dessiner quelque chose dans le même genre. Comme c'était un remarquable dessinateur qui aimait les nus, je lui ai soumis un récit mythologique qui permettait de faire passer l'érotisme sans aggressivité. J'avais bien essayé auparavant d'envoyer des scénarios, chez Dupuis notamment, mais je n'avais jamais eu de réponse. Cette opportunité avec Cuvelier était donc une chance inestimable''.
Jean Van Hamme
Mon oeuvre est le témoignage de l'enfer qu'est devenu le paradis entrevu. Le don du dessin m'est-il une malédiction ou en ai-je fait, moi, une malédiction ?
Paul Cuvelier parle ...
Je n'ai pas réussi mais je connais ma qualité de fond. Constamment fustigé, mon amour-propre s'est retranché dans un bastion secret, et mon orgueil est un atome lourd. /.../. Il sera nécessaire de rédiger sous une nouvelle forme ma ''confession''. Puisqu'inconsidérément, je me suis engagé si loin dans cette voie, je n'aurai plus peur désormais d'affirmer publiquement, et cela peut-être aura du bon quant au futur. Par la brèche ouverte dans mes retranchements, mes travaux d'''artiste'' pourraient aussi, un jour, se répandre sur la voie publique.
Extrait d'une lettre de Paul Cuvelier adressée à Numa S